mardi 16 février 2010

Henri Meschonnic

Henri Meschonnic à Cerisy-la-Salle en juillet 2003 lisant des poèmes

http://annelaplantine.free.fr/meschonnic%20cerisy.mp3

dimanche 21 juin 2009

mercredi 28 janvier 2009

mardi 13 janvier 2009

vendredi 12 décembre 2008

Edward Curtis, 1914




(il n'y avait pas de bande sonore à l'origine)

samedi 6 décembre 2008

mercredi 10 septembre 2008

samedi 30 août 2008

vendredi 29 août 2008

mercredi 27 août 2008

Je ne t’entends plus respirer…

MÉLISANDE : C’est que je regarde…

PELLÉAS : Pourquoi me regardes-tu si gravement ? – Nous sommes déjà dans l’ombre. – Il fait trop noir sous cet arbre. Viens dans le lumière. Nous ne pouvons pas voir combien nous sommes heureux. Viens, viens ; il nous reste si peu de temps…

MÉLISANDE : Non, non ; restons ici… Je suis plus près de toi dans l’obscurité…

PELLÉAS : Où sont tes yeux ? – Tu ne vas pas me fuir ? – Tu ne songes pas à moi en ce moment.

MÉLISANDE : Mais si, mais si, je ne songe qu’à toi…

PELLÉAS : Tu regardais ailleurs…

MÉLISANDE : Je te voyais ailleurs…

lundi 25 août 2008



MÉLISANDE : Si, si ; je suis heureuse, mais je suis triste…

PELLÉAS : On est triste, souvent, quand on s’aime…

MÉLISANDE : Je pleure toujours lorsque je songe à toi…

PELLÉAS : Moi aussi… moi aussi, Mélisande… Je suis tout près de toi ; je pleure de joie et cependant… (Il l’embrasse encore.) – Tu es étrange quand je t’embrasse ainsi… Tu es si belle qu’on dirait que tu vas mourir…

MÉLISANDE : Toi aussi…

PELLÉAS : Voilà, voilà… Nous ne faisons pas ce que nous voulons… Je ne t’aimais pas la première fois que je t’ai vue…

MÉLISANDE : Moi non plus… J’avais peur…

PELLÉAS : Je ne pouvais pas regarder tes yeux… Je voulais m’en aller tout de suite… et puis…

MÉLISANDE : Moi, je ne voulais pas venir… Je ne sais pas encore pourquoi, j’avais peur de venir…

PELLÉAS : Il y a tant de choses qu’on ne saura jamais… Nous attendons toujours ; et puis… Quel est ce bruit ? – On ferme les portes…

MÉLISANDE : Oui, on a fermé les portes…

PELLÉAS : Nous ne pouvons plus rentrer ! – Entends-tu les verrous ! – Écoute ! écoute !… les grandes chaînes !… Il est trop tard, il est trop tard !…

MÉLISANDE : Tant mieux ! tant mieux ! tant mieux !

PELLÉAS : Tu ?… Voilà, voilà !… Ce n’est plus nous qui le voulons !… Tout est perdu, tout est sauvé ! tout est sauvé ce soir ! – Viens ! viens… Mon cœur bat comme un fou jusqu’au fond de ma gorge… (Il l’enlace.) Écoute ! écoute ! mon cœur est sur le point de m’étrangler… Viens ! Viens !… Ah ! qu’il fait beau dans les ténèbres !…

MÉLISANDE : Il y a quelqu’un derrière nous !…

PELLÉAS : Je ne vois personne…

MÉLISANDE : J’ai entendu du bruit…

PELLÉAS : Je n’entends que ton cœur dans l’obscurité…

MÉLISANDE : J’ai entendu craquer les feuilles mortes…

PELLÉAS : C’est le vent qui s’est tu tout à coup… Il est tombé pendant que nous nous embrassions…

MÉLISANDE : Comme nos ombres sont grandes ce soir !…

PELLÉAS : Elles s’enlacent jusqu’au fond du jardin… Oh ! qu’elles s’embrassent loin de nous !… Regarde ! Regarde !…

MÉLISANDE, d’une voix étouffée : A-a-h ! – Il est derrière un arbre !

PELLÉAS : Qui ?

MÉLISANDE : Golaud !

PELLÉAS : Golaud ? – où donc ? – je ne vois rien…

MÉLISANDE : Là… au bout de nos ombres…

PELLÉAS : Oui, oui ; je l’ai vu… Ne nous retournons pas brusquement…

MÉLISANDE : Il a son épée…

PELLÉAS : Je n’ai pas la mienne…

MÉLISANDE : Il a vu que nous nous embrassions…

PELLÉAS : Il ne sait pas que nous l’avons vu… Ne bouge pas ; ne tourne pas la tête… Il se précipiterait… Il restera là tant qu’il croira que nous ne savons pas… Il nous observe… Il est encore immobile… Va-t’en, va-t’en tout de suite par ici… Je l’attendrai… Je l’arrêterai…

MÉLISANDE : Non, non, non !…

PELLÉAS : Va-t’en ! va-t’en ! Il a tout vu !… Il nous tuera !…

MÉLISANDE : Tant mieux ! tant mieux ! tant mieux !…

PELLÉAS : Il vient ! il vient !… Ta bouche !… Ta bouche !…

MÉLISANDE : Oui !… oui !… oui !…

Ils s’embrassent éperdument.

PELLÉAS : Oh ! oh ! Toutes les étoile tombent !…

MÉLISANDE : Sur moi aussi ! sur moi aussi !…

PELLÉAS : Encore ! Encore !… donne ! donne !…

MÉLISANDE : Toute ! toute ! toute !…

Golaud se précipite sur eux l’épée à la main, et frappe Pelléas, qui tombe au bord de la fontaine. Mélisande fuit épouvantée.

MÉLISANDE, fuyant : Oh ! oh ! Je n’ai pas de courage !… Je n’ai pas de courage !…

Golaud la poursuit à travers le bois, en silence.

dimanche 24 août 2008

Vous avez allumé les lampes,
- Oh! Le soleil dans le jardin!
Vous avez allumé les lampes,
Je vois le soleil par les fentes,
Ouvrez les portes du jardin!

- Les clefs des portes sont perdues,
Il faut attendre, il faut attendre
Les clefs sont tombées de la tour,
Il faut attendre, il faut attendre,
Il faut attendre d'autres jours...

D'autres jours ouvriront les portes,
La forêt garde les verrous,
La forêt brûle autour de nous,
C'est la clarté des feuilles mortes,
Qui brûlent sur le seuil des portes...

- Les autres jours sont déjà las,
Les autres jours ont peur aussi,
Les autres jours ne viendront pas,
Les autres jours mourront aussi,
Nous aussi nous mourrons ici...

dimanche 20 juillet 2008

dimanche 13 juillet 2008

samedi 12 juillet 2008

mardi 8 juillet 2008

Approchons-nous une dernière fois des destinées obscures

Je sais, je sens que vivent en moi plusieurs réincarnés. J'ignore la foule de mes ancêtres qui m'ont précédé dans les ténèbres des siècles et qui, humbles bourgeois, petits artisans ou artisans obscurs, n'ont pas laissé de trace dans la mémoire des hommes. Peut-être en est-il un qui me domine et me dirige à mon insu plus nettement que les autres, parce que je le représente directement sur la terre

dimanche 22 juin 2008