jeudi 17 janvier 2008

perspective renversée


Il serait curieux qu’une culture qui tenait la contemplation pour la plus pure activité de l’homme ait méconnu la profondeur. Simplement cette profondeur, c’est en nous que la creuse ce Dieu dont le regard nous scrute, nous pénètre. Elle s’exprimera picturalement par ce qu’on a nommé « perspective renversée » ou « négative », sans en comprendre la raison secrète. Si l’espace ne s’amenuise pas, mais bien s’évase vers l’arrière, si ses lignes ne convergent pas vers un foyer lointain, mais bien sur nous, ce n’est nullement parce que les mosaïstes sont de piètres observateurs ou de médiocres artisans, parce qu’ils ignorent les règles élémentaires de l’optique ou ne savent comment réduire les plans à l’horizon, mais parce qu’en inversant le sens de l’effigie il leur faut logiquement en inverser l’architecture. Désormais, au lieu de la source, nous sommes l’aboutissement de l’image et dans notre âme elle trouve son point de fuite, - et si, sur le mur d’or, elle semble grandir à mesure qu’elle s’éloigne, c’est que, sous son regard, nous diminuons. (Jean Paris, L’or de Byzance, dans Esprit, mars 1964, p. 420-421.

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