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mercredi 17 octobre 2007

The Grammarian and his Language


"But it is not absurd to say that there is nothing in the formal pecularities of Hottentot or of Eskimo which would obscure the clarity or hide the depth of Kant’s thought – indeed, it may be suspected that the highly synthetic and periodic structure of Eskimo would more easily bear the weight of Kant’s terminology than his native German"
Nous traduisons :
" Mais il n’est pas absurde de dire qu’il n’y a rien dans les particularités formelles de l’hottentot ou de l’eskimo qui pourrait obscurcir la clarté ou cacher la profondeur de la pensée de Kant – en fait, on pourra suspecter que la structure hautement synthétique et périodique de l’eskimo porterait plus facilement le poids de la terminologie de Kant que son allemand natif. "

Edward Sapir, " The grammarian and his language ", in American Mercury, I, 1924. Repris dans le volume Selected Writings of Edward Sapir in Language Culture Personality, edited by David G. Mandelbaum, University of California Press, Berkeley and Los Angeles, 1963, p. 153.

lundi 15 octobre 2007

Adam nommant les animaux



La plupart des conceptions que se font ou du moins qu’offrent les philosophes du langage font songer à notre premier père Adam appelant près de lui les divers animaux et leur donnant à chacun leur nom.
[…]
Mais il y a là, implicitement, quelque tendance que nous ne pouvons méconnaître ni laisser passer sur ce que serait en définitive le langage: savoir, une nomenclature d’objets. D’objets d’abord donnés. D’abord l’objet, puis le signe; donc (ce que nous nierons toujours) base extérieure donnée au signe, et figuration du langage par ce rapport-ci :

*—a
Objets { *—b } Noms
*—c

alors que la vraie figuration est : a - b - c, hors de toute connaissance d'un rapport effectif comme *-a, fondé sur un objet. Si un objet pouvait, où que ce soit, être le terme sur lequel est fixé le signe, la linguistique cesserait instantanément d'être ce qu'elle est depuis le sommet jusqu'à la base ; du reste l'esprit humain du même coup, comme il est évident à partir de cette discussion.
Mais ce n'est là, nous venons de le dire, que le reproche incident que nous adresserions à la manière traditionnelle de prendre le langage quand on veut le traiter philosophiquement.

Ferdinand de Saussure
Ecrits de linguistique générale, Gallimard, Paris, 2002, p. 230.

vendredi 12 octobre 2007

Après l'archéologie, la généalogie.

Publié deux mois avant le livre d'Alain de Libera, chez Vrin encore, un ouvrage collectif.
Pas de doute, le sujet est à la mode.
Mais le sujet, quel sujet ?

Olivier Boulnois (éd.)
Généalogie du sujet, De saint Anselme à Malebranche
Vrin, « Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie ». 320 p., 13,5 × 21,5 cm. ISBN : 978-2-7116-1915-3L’invention du concept de subjectivité revient à Kant. Mais celui-ci l’attribue à Descartes, coupable d’avoir pris le sujet de la pensée pour une substance. De Hegel à Heidegger, toute l’historiographie a été victime de ce tour de passe-passe. Il se trouve même des historiens pour chercher au Moyen Âge les prémices du « sujet moderne ».Cet ouvrage déconstruit une telle histoire. Partant du concept antique et médiéval de sujet – le support des accidents –, il s’efforce de suivre un complexe de questions : quel est le sujet de la pensée, l’homme, le moi ou l’âme? Est-il substance? A-t-il une certitude immédiate de soi?De saint Anselme à Malebranche, ce travail d’équipe met ainsi au jour des marqueurs, des énoncés fondamentaux qui s’entrelacent en plusieurs lignées. Il dessine ainsi un arbre des possibles, dont la certitude de soi cartésienne et le sujet kantien ne sont que des cas particuliers : au lieu d’une histoire unique, orientée vers un but, une généalogie véritablement multiple.

Ont collaboré à ce volume : J.-Ch. Bardout, F. Berland, O. Boulnois, J.-B. Brenet, J. Casteigt, S. Maxim, C. Michon, S. Piron, J. Schmutz, K. Trego et Chr. Trottmann.

mercredi 10 octobre 2007

Parution : Alain de Libera, Archéologie du sujet, 1, Naissance du Sujet

Alain de Libéra, très grand savant de l'Antiquité et du monde médiéval (Penser au Moyen Age, La querelle des universaux, La philosophie médiévale ... ), traducteur notamment de Maître Eckhart, Saint Thomas d'Aquin, Porphyre, Averroès, vient de publier un ouvrage qui devrait nous intéresser puisqu'il a pour visée d'écrire une "archéologie du sujet", en commençant dans ce premier volume par la "naissance du sujet". Néanmoins, même si Alain de Libéra est ce très grand savant (qui poursuit la tradition d'écriture d'Etienne Gilson, puis de Jean Jolivet), cette archéologie du sujet sera sans doute uniquement une archéologie du sujet de la métaphysique("Qui pense? Quel est le sujet de la pensée? Qui sommes-nous? Qu’est-ce que l’homme?" ), non pas que cette histoire ne soit pas effectivement à faire, mais le problème étant la méconnaissance du sujet, au sens de Saussure, au sens de Benveniste, l'absence de théorie du langage. Alain de Libera annonce en effet que ce premier volume sera "placé sous le double patronage de Heidegger et de Foucault". et quoique revendiquant "une archéologie du savoir" (mais dans cette absence de théorie du langage peut-il s'agir d'une histoire des idées ?), Alain de Libéra affiche encore "l'horizon", d'une "histoire de l'Etre". On est alors assez déçu de voir tant de vraies connaissances et de finesse analytique se perdre dans l'essentialisme. Peut-être pour n'avoir pas lu Benveniste.Alain de LiberaNaissance du sujet (Archéologie du sujet I)Vrin, « Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie ». 448 p., 13,5 × 21,5 cm. ISBN : 978-2-7116-1927-6Le « sujet » n’est pas une création moderne. Ce n’est pas davantage un concept psychologique. Moins encore l’invention de Descartes. C’est le produit d’une série de déplacements, de transformations et de refontes d’un réseau de notions (sujet, agent, acteur, auteur, acte, action, passion, suppôt, hypostase, individu, conscience, personne, « je », moi, Self, égoïté), de principes (attribution, imputation, appropriation) et de schèmes théoriques mis en place dans l’Antiquité tardive (Plotin, Porphyre, Augustin), élaboré au Moyen Âge (Bonaventure, Thomas d’Aquin), puis mis en crise à l’Âge classique par l’invention de la « conscience » (Locke). Une histoire de la subjectivité ne peut donc être qu’une archéologie du sujet, travaillant la « longue durée » philosophique, une histoire de la philosophie du sujet entendue comme histoire du sujet de la philosophie, une « archéologie du savoir » pensée dans l’horizon de « l’histoire de l’Être ». Placé sous le double patronage de Heidegger et de Foucault, ce premier volume expose une méthode, introduit les concepts (périchorèse, immanence psychique, intentionnalité), présente les schèmes (sujet, suppôt, hypostase, personne; attribution, action, inhérence, dénomination) et forge les outils historiques (attributivisme, subjectité) nécessaires pour construire un premier parcours philosophique et théologique dans les quatre domaines où s’articule la figure inaugurale de l’histoire de la subjectivité : Qui pense? Quel est le sujet de la pensée? Qui sommes-nous? Qu’est-ce que l’homme?Alain de Libera, né en 1948, est directeur d’études à l’École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses, où il enseigne l’histoire des théologies chrétiennes dans l’Occident médiéval, et professeur d’histoire de la philosophie médiévale à l’université de Genève.